samedi 31 mai 2008

Jour pour jour chez les Mentawai





Nous appareillons lundi pour les iles Mentawai sans savoir ce qui nous attend si ce n'est un treck de 10 jours dans la jungle a la rencontre de tribus primitives: les Mentawai.
Le départ du bateau est concomitant avec le couche de soleil. Un paysage magnifique pour le départ ne peu qu'être de bonne augure.
Nous arrivons plus ou moins frais avec notre guide, il est 4h du matin. Après une sieste a même le sol d'une petite maison du village portuaire et quelques plongeons dans une mer d'huile, nous partons. Arrives a la rivière nous empruntons une embarcation motorisée qui nous amène a travers la jungle.
Awan est guide depuis 22 ans, il a vécu avec les tribus que nous allons côtoyer. Il a accepte de nous guider bien que nous ne soyons que deux, c'est une grande chance que nous avons car peu de touristes viennent ici surtout depuis le tsunami.
Awan loue les services d'un porteur a notre arrivée et nous marchons encore une demi heure dans la jungle avant d'arriver devant une maison sur pilotis assez imposante. Moi et Laura sommes accueillis par une famille très souriante. Le "Père" ou chef de famille se présente le premier après nous avoir demande nos noms. Je suis Sanitou, ce qui signifie fantôme en Mentawai et Laura est Luluni soit arc en ciel. Nous nous retrouvons assis a échanger quelques mots Mentawai que notre guide nous a appris avec des hommes vêtus de bandes d'écorce ne cachant que le sexe, avec des tatouages sur tout le corps et certains avec les dents taillées en pointes. Les femmes sont dans le même accoutrement.
Le contact se fait de plus en plus chaleureux. Nous échangeons par des jeux, fabrication de bracelets, humour.
Une averse dans l'après midi; toilette dans la rivière; partage d'un repas de riz accompagne de sauterelles; jeux le soir.

Apres un réveil tranquille et petit déjeuner nous partons dans la foret. Je décide de m'adapter et marche pied nu comme les Mentawai. Le chemin est boueux et l'on traverse plusieur cours d'eau. On arrive ensuite vers une clairière défrichée. Un jeune garçon de 12 ans escalade un arbre Sagou pour en récupérer les feuilles. Il se sert d'un bambou accroche a la cime de l'arbre et se retrouve a plus de 10 mètres du sol une machette a le main. Il exerce son art avec une facilite et une décontraction étonnante. Ses grand parents les collectent pour la construction du toit de la nouvelle maison familiale.
On se dirige ensuite vers la maison en chantier. Elle est immense. Il faudra 3 ans pour la terminer et de nombreux cochons (monnaie locale).
sur le chemin de retour notre guide nous montre une plante pour fabrique des bracelets et nous apprenons a les confectionner des notre retour.
Ce soir une surprise nous attend, beaucoup de monde est attendu pour une cérémonie en vue de récupérer des pirogues dans la montagne. La famille s'active pour les préparatifs. Taro (tubercule alimentaire) et Sagou (pain a base de copeaux de l'arbre Sagou) sont cuisines en quantités impressionnantes. Des cochons sont ligotes dans la pièce commune...
Je décide de suivre un groupe de 3 fillettes qui partent chercher du bambou. J'ai peine a les suivre dans la jungle tandis qu'elles s'amusent de mes manières d'occidental. En chemin nous rencontrons le grand-père qui sollicite mon aide pour pousser le bateau le long de la rivière trop peu profonde. Après avoir récupéré le bambou et dégusté quelques fruits sauvages, je rentre epuise a la maison... apres une douche dans la rivière les gens commencent a arriver.
Des le coucher de soleil la cérémonie commence. Les gourous médecins prient la foret (des feuilles sont bénites) puis pour les poules et les cochons qui vont être tues. Le but de cette cérémonie est de s'excuser auprès de la nature pour les arbres qui ont étés coupé afin de réaliser les pirogues. Il en va de même pour les animaux, car il ne faudrait pas que leur âmes viennent les hanter sous formes de fantômes (Sanitou). Les gourous entonnent des chants gutturaux et ne participent pas aux mises a mort. J'aide a maintenir l'un des cochons que l'on vide. Les enfants assistent a la scène en rigolant.
Les organes et en particulier le cœur des cochons sont lu par les gourous. Ils y lisent un bon présage pour la journée suivante. La viande est ensuite bouillie sans assaisonnement.
L'organisation est parfaite, tout se déroule de façon fluide sans trop de paroles. Tout le monde connait son rôle.
Nous partageons ce délicieux repas qui est distribue de façon équitable entre chacun.
Ces instants sont magiques. Je me sent dans un autre monde, a la fois mal a l'aise d'être la a observer mais aussi curieux de ces coutumes et réconforté par la formidable gentillesse et joie de vivre des Mentawai. Une soirée immortelle dans ma mémoire.


Je suis réveillé vers 5 heures du matin par un porc qui vient d'être égorge puis cuisine pour le petit déjeuner. Très vite tout se remet en place, les iles Mentawai, la tribu, la soirée, les pirogues...
Aujourd'hui nous allons récupérer les bateaux dans la montagne. Après le petit déjeuner tout se déroule très vite. Un premier homme se lève et c'est le départ. A peine le temps d'enfiler les chaussures et nous suivons la tribu a travers la jungle.
Arrive en haut de la colline on trouve la première embarcation. Elle est harnachée avec des lianes et nous commençons a tracter et pousser le lourd objet. La piste est petite et parfois très pentue. On entonne tous des "Tile" et "Gogogo", tous le monde s'amuse et rie. On apprendra par la suite que ce sont des mots obscènes que les hommes utilisent pour se motiver. En chemin le groupe se divise pour récupérer les autres bateaux. Deux heures plus tard nous arrivons épuises a la rivière. Les pirogues sont mises en cale sèche pour les finitions qui auront lieu les prochains jours.
De retour a la maison deux cochons sont tues avec le même rituel que la veille. La viande est partagée en paiement du service rendu. Une part sera mangée sur place, le reste sera stocke dans des bambous. Chacun rentre chez soi après le déjeuner. Après tous ces efforts la famille est épuisée. Le grand-père fait la sieste tandis que d'autres nettoient.


Le lendemain matin nous partons sous une pluie battante. La grand-mère "Mama" et sa petite fille nous accompagnent. Nous longeons des rivières, suivons des chemins boueux. Après quelques sangsues et glissades nous arrivons vers une immense maison. Elle est vide. Awan nous dis que seulement 6 personnes vivent ici. La jeune mère et ses deux fils reviennent les premiers. Le père et les grand-parents arrive plus tard. Le grand-père porte un dentier dore avec les dents taillées en pointes.
L'ambiance est calme et reposante. Une soirée tranquille avec les tours de magie du grand-pere puis un repos bien mérité.

Le grand-père aux dents d'or et ses poules.



Nouveau départ pour le village gouvernemental ou nous faisons le plein (vivres, détergent, eau minérale,...). On ne reste pas dans se village que le gouvernement a construit afin de sédentariser et de convertir les Mentawai.
Notre destination est une petit maison a même le sol. Une famille vit la dans la simplicité. La maison est a 5 minutes d'une magnifique cascade ou Mama nous amène. La cascade est d'une beauté a couper le souffle avec une première partie ou l'eau coule a la quasi verticale sur une plaque de roche puis tombe dans une grande piscine naturelle entourée de plantes tropicales. Nous y prendrons un bain puis partageons la vie de cette petite famille. Ils sont plutôt ages et très passifs.

Le lendemain nous passons la matinée a la cascade. Nous sommes seul pour profiter de cet endroit magique.
L'après midi nous repartons pour un treck de 3h vers notre première famille d'accueil. Ici la vie continue, le grand-père revient de l'une de ses maisons, l'oncle de la chasse, sa femme de la cueillette.
Ce soir nous discutons traditions et magie avec Awan et l'oncle qui est gourou-médecin.

C'est le dernier jour avec les Mentawai. Nous voyons les finitions sur les pirogues, je vais chercher des lianes pour bracelets Mentawai... Après le déjeuner c'est le moment des aurevoir, cadeaux et du dernier regard vers ces personnes qui nous ont accueillit dans leur vie si différente de la notre.

2 commentaires:

djumbaba a dit…

Salut
Tu nous a fais rever avec ton recit..On compte partir a la rencontre des Mentawais en 2009 . Apparement cela est possible a faire par ses propres moyens .
Please donne nous des tuyaux et fais nous partager ton experience..
On a mille questions c'est vraiment 1 projet qui nous tient a coeur
Bonne route et au plaisir de te lire
Thanks a lot
Aline&Elisa
Nos adresses
lili.vergnault@hotmail.fr
olisa51@yahoo.fr

Anonyme a dit…

Bonjour,
Jeune doctorante en anthropologie, je pars sur Siberut en décembre 2008 pour découvrir les hommes fleurs. Peux-t-on faire ce voyage seuls (avec mon ami)ou nécessite-t-on un guide? Je te laisse mon adresse mail pour de plus amples renseignements: emilie.coutant@lapose.net